(à la suite de Philon d’Alexandrie) et leurs commentaires à visée théologique.

La Septante a fourni aux premiers chrétiens leur langue religieuse. Déjà l’unité de langue établit plus nettement l’unité des deux Testaments. La foi en la Résurrection des morts, essentielle pour les chrétiens, fut soulignée davantage par la Septante (et contribua à en développer le thème pour les juifs). De plus, les grandes affirmations théologiques sur le Dieu unique, sur sa Parole (Logos), sur son Esprit (Pneuma), sur le salut apporté aux nations, sur l’image (eikôn) prennent appui sur les formules de la Septante.

Au cours des quatre premiers siècles, les Pères grecs, fondateurs des doctrines et de la piété chrétiennes orthodoxes, n’ont pas connu d’autres sources bibliques que la Septante dans sa pluralité textuelle acceptée.

Ce qui nous fait signaler au passage une difficulté supplémentaire: il n’y a pas qu’une seule Septante, en ce sens qu’elle n’a pas été standardisée comme le texte hébreu massorétique. Mais, de plus, après les réviseurs juifs, il y eut des recenseurs chrétiens. Par exemple, la Septante que les orthodoxes utilisent n’est pas celle de Rahlfs6, la plus communément admise actuellement, mais la « LXX de l’Eglise grecque». C’est une Septante qui est souvent marquée par la présence de doublets: à côté du texte de la Septante ancienne est insérée la leçon hébraïsante. C’est le cas en Is 9, 5 où les deux variantes sont placées à la suite l’une de l’autre. La Bible slavonne est semblable. Cette Septante dépendrait de la tradition lucianique ou antiochienne (mais l’existence même de cette dernière est controversée).

Vocabulaire

un décalque – калька; отпечаток; копия, подражание, имитация

préservé – сохранённый, защищённый

exégèse patristique – толкование, комментирование святоотеческое

patristique – патристика (la connaissance des Pères de l’Église et de leurs écrits)

à visée – имеющий направление

fournir – снабжать; давать; представлять

la piété – благочестие (христ.); благоверие (церк.)

un recenseur – счётчик

controverser – оспаривать; полемизировать

PARTIE 4

3. La Septante et la Bible hébraïque: la modernité chrétienne

Pourtant, l’Ancien Testament, même traduit sur l’hébreu fait partie de la Bible chrétienne – ce sont les mêmes récits, et il peut parfaitement être lu en référence au Nouveau Testament. Des notes en bas de page en indiquent les citations et allusions. C’est le cas de la plupart des Bibles catholique et protestante, même si elles n’ont pas la même organisation canonique des textes, en particulier pour Les deutérocanoniques7

De plus, l’Ancien Testament doit garder une valeur générale en tant que telle, et le lire, pour les chrétiens a une grande importance: les grands récits fondateurs du peuple d’Israël, le messianisme, le Royaume de Dieu, le salut, toute la thématique bibliques sont le cadre culturel et religieux, qui permet de comprendre l’accomplissement des Écritures, et donc le message du Nouveau Testament. On peut le lire pour son profit personnel. Précisons d’ailleurs que même le monde du Nouveau Testament renvoie essentiellement au contexte hébraïque, même si c’est à travers le contexte hellénistique ou romain.

La lecture de l’Ancien Testament permet de connaître également le milieu géographique et l’histoire du peuple hébreu que l’on peut confronter aux découvertes archéologiques. Elle ouvre ainsi la voie à toute l’exégèse, à l’énigme de la formation des textes, aux questions – et elles sont importantes actuellement – que pose la véracité du texte inspiré quand on la confronte aux réalités du terrain.