On peut donner un autre exemples: les « non messianismes» de la Septante, c’est-à-dire le coup d’arrêt donné par la tradition grecque à l’interprétation messianique du texte hébreu.
Si le texte de la Septante a favorisé réellement une lecture messianique chrétienne – on peut faire toute une liste de versets en grecs annonçant le Messie chrétien, d’autres textes révèlent au contraire un non messianisme au bénéfice de l’équivalent hébreu. Par exemple, quand Matthieu (2, 15) veut justifier le retour d’Égypte de Jésus et de sa famille qui avait fui Hérode, il cite le prophète Osée (11, 1) qui dit à propos d’Israël: « Quand Israël était jeune, je l’ai aimé, et d’Égypte, j’ai appelé mon fils». Alors que la LXX dit: « Parce qu’Israël (était) en bas âge, moi aussi je l’ai aimé et, d’Égypte, j’ai appelé ses enfants», ce qui ne pouvait pas être utilisé par l’Evangéliste comme lecture messianique typologique du Christ: seul «mon fils» peut désigner Jésus. Matthieu utilise-t-il un autre modèle grec proche du texte hébreu standard? Ce sera en tout cas la future lecture massorétique d’Osée 11,1.
Ces variantes ont donc pénétré dans le Nouveau Testament et dans l’Église chrétienne. Dès les écrits rédigés en grec que l’on réunira sous ce nom, les citations de l’Ancien Testament y sont faites selon le grec de la Septante, et parfois sous une forme révisée sur l’hébreu: Jn 19,37 cite Za 12,10 selon Théodotion: « Celui qu’ils ont transpercé», et non selon la LXX: « Parce qu’ils ont dansé autour de lui avec dérision».
Et même dans les grands manuscrits en onciales des 4e et 5e siècles, qui nous ont transmis le texte de la LXX, les formes révisées sont abondantes: c’est le Daniel de Théodotion qui se trouve inséré dans le Vaticanus, et non le Daniel LXX; le Qohelet, vraisemblablement, est celui d’Aquila.
Si nous insistons sur les versions grecques révisées de la LXX et sur le modèle hébreu standard, c’est pour montrer qu’ils étaient passés dans les écrits du Nouveau Testament et dans la doctrine chrétienne. Donc des chrétiens préférèrent parfois – via la langue grecque – la forme hébraïsée du texte à la forme de la Septante ancienne.
Ce qui nous amène au point suivant: souligner en quelques mots l’importance de la langue grecque.
Vocabulaire
en cours de – во время
fustiger – бичевать, критиковать
il n’en demeure pas moins que – тем не менее
la christologie – христология; изучение личности и деяний Христа
diviniser – обожествлять; обоготворять; боготворить
un fruit des entrailles – плод чрева
sous-jacent – скрытый; глубинный; лежащий в основе
le coup d’arrêt – резкая остановка
en bas âge – в младенчестве, детстве
la dérision – насмешка; осмеяние
onciale – унциальный
Devoirs
– Faites un rapport sur l’Institut Saint-Serge en France.
– Trouvez l’information necessaire et faites une presentation sur la vie et les idées des Pères Irénée ou Justin.
PARTIE 3
2. La Septante et la langue grecque
Il est indéniable que la traduction des Saintes Écritures de l’hébreu en grec fut très importante pour le christianisme. La version grecque des livres écrits en hébreu ne pouvait pas être un pur décalque. On est passé d’une langue sémitique à la langue de la civilisation hellénique, qui ouvrira la voie au christianisme, c’est-à-dire d’une langue concrète à une langue capable d’abstraction, et pouvant exprimer une philosophie. Cependant l’usage de mots grecs, issus parfois de la philosophie grecque, n’entraîna pas une hellénisation de la Bible. Le sens biblique fut préservé. Les Pères de l’Église ne s’y sont pas trompés, qui utilisèrent la langue grecque pour leur