Le matin du septième jour, Ivan entend soudain le cheval lui parler d'une voix humaine:
– Merci à toi de m'avoir ainsi sauvé la vie et de m'être venu en aide.
Ivan pétrifié en tomba à la renverse. Un cheval qui parle avec une voix d'homme, cela ne se pouvait!
Mais le cheval poursuit comme si de rien n'était:
– Je suis né au pays Enchanté. Je paissais avec ma mère dans les vastes prairies. Mais j'étais désobéissant, je voulais toujours galoper plus loin. Un jour, j'ai galopé si loin que je me suis retrouvé dans vos contrées, sans même m'en rendre compte. Et sans ta bonté, j'aurais sûrement péri. Il est temps maintenant que je rentre au pays enchanté.
Ivan se sentit très triste. Il aimait énormément Zlatibor.
– Où est-il, ton pays enchanté? – demanda-t-il. – N'est-il pas possible que je t'y accompagne, pour voir comment tu vis?
– Mon pays est partout autour de toi. Mais il est invisible. Et toi, tu ne peux pas entrer au pays enchanté. Nul homme ne pourra jamais trouver le chemin pour y aller. Mais ne sois pas triste. Sitôt que tu auras besoin de moi, tu n'auras qu'à t'avancer au milieu d'un pré et émettre le sifflement des chevaliers, puis m'appeler par mon nom, alors j'apparaîtrai au même instant.
Sur ces mots, il disparut.
Ivan avait bien du chagrin, mais que faire! Il rentra chez lui, et raconta les choses comme elles s'étaient passées. Mais personne ne crût un mot de son histoire.
Les jours passaient, l'un après l'autre. Ivan s'ennuyait tant de son cheval, il eut envie de galoper dans les champs. Il s'avança dans un pré, émit le sifflement des chevaliers et appela Zlatibor. A cet instant même il le vit: le cheval de feu nimbé d'or bondissait vers lui. Et la terre tremblait de son galop.
– Que désire Ivan? – demande le cheval.
– Eh bien, répond Ivan, je veux juste galoper avec toi à travers champs.
– Mais, Ivanouchka, as-tu une selle qui puisse m'aller?
– Comment veux-tu que j'aie une selle! Mes frères ne me laissent pas approcher de l'écurie, – répondit Ivan.
Le cheval frappa la terre de son sabot et disparut. Mais une seconde plus tard il était déjà revenu.
Sa selle et sa bride étaient cousues d'or et ornées de pierres précieuses. Les yeux ne pouvaient se détacher de tant de beauté. Et par dessus la selle un somptueux vêtement avait été posé. Ivan ôta ses vieux vêtements, se lava à la rivière, revêtit l'habit que le cheval lui apportait et devint un superbe jeune homme. Il sauta en selle et Zlatibor s'élança gracieusement. Le cheval enchanté ne semblait pas courir, mais voler dans l'air. Les ravines étaient franchies d'un bond léger, et les bouleaux dépassés en un seul élan. Ivan n'avait pas eu le temps de reprendre son souffle que la capitale fut en vue. Ivan regarde à grands yeux et aperçoit dans un vaste pré une jeune fille chevauchant sur un beau coursier bai. Oh que cette apparition lui semble belle et le ravit! Sa beauté, il est vrai, a immédiatement conquis Ivan. Il vole vers elle et lui demande:
– Qui es-tu, si belle damoiselle, et pourquoi cavales-tu ainsi seule dans la campagne?
– Je suis Elena Agaphonovna et je sors mon cheval dans le champ qui appartient à mon père, le tsar Agaphon! Mais toi, qui es-tu? Et de quel droit me poses-tu des questions? Peut-être me faut-il appeler les gardes pour t'interroger à ce sujet?
Ivan comprit qu'il avait devant lui la fille du tsar. Mais comme elle lui plaisait infiniment, il décida d'engager plus loin la conversation. Il retira son bonnet et dit à la belle:
– Pardonne-moi Elena Prekrasnaia. Je ne voulais surtout pas t'offenser, je n'avais d'autre idée qu'admirer ta beauté, j'ignorais que tu étais la fille de notre tsar!